La mise en œuvre de la pluridisciplinarité demeure encore formelle

Par Leila Chakhtakhtinsky

Un rapport transmis aux partenaires sociaux par le ministère du travail, suggère de moderniser le dispositif de santé au travail et de recentrer la médecine du travail sur la prévention. Ce rapport de 140 pages a été rédigé par deux médecins, Françoise Conso et Paul Frimat, ainsi que par les inspections générales des affaires sociales (IGAS) et de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR).
Il dresse “un bilan d’étape de la réforme” et comporte “une réflexion prospective et ouverte sur l’évolution des services de santé au travail compte tenu de la démographie médicale et de l’articulation des différentes missions des médecins du travail”.
Quelques citations relatives à la prévention, tirées du rapport:

« Le modèle français de médecine du travail est confronté à une crise majeure. »

«… Des modèles alternatifs à l’approche française ont montré l’intérêt d’une prospective collective mettant l’accent sur les risques et appelant de ce fait des compétences d’une autre nature que le savoir médical… »

« …La pluridisciplinarité apparaît comme une construction développée à partir de 1997 du côte français, pour concilier l’approche européenne et la réalité du modèle français. »

« …Les indicateurs disponibles font de la pluridisciplinarité une réalité limitée… La demande de prestations pluridisciplinaires émanant des entreprises est faible, voire « infime »… »

« Le cadre réglementaire ne fournit pas plus d’éléments pour orienter la constitution d’équipes pluridisciplinaires… »

« …La détermination des compétences nécessaires se heurte au flou de la demande et des textes. »

« …La mise en œuvre de la pluridisciplinarité donne lieu à des interprétations hétérogènes et semble assez souvent confondue avec des initiatives diverses…, visant à faciliter le travail du médecin en le déchargeant de certaines tâches… »

« Le nombre encore limitée des intervenants habilités pourrait être compensé par le recours aux organismes de prévention… (CRAM, ARACT, OPPBTP)… La mission n’a pas eu connaissance de conventions signées entre les SST et ces organismes pour des prestations pluridisciplinaires. »

« La pluridisciplinarité apparaît d’abord comme une procédure lourde dont la valeur ajoutée reste peu visible… Définie et gérée de façon bureautique et formelle, elle semble n’avoir guère de prise sur la réalité. »

« Au total la mise en œuvre de l’approche pluridisciplinaire demeure encore formelle : une offre relativement déconnectée des besoins, qui restent difficiles à cerner, une procédure d’habilitation qui tourne à vide, un contrôle d’Etat sans véritable point d’ancrage. Elle s’apparente trop souvent à une juxtaposition de compétences sans les objectifs communs… »

« Si la procédure d’habilitation des IPRP ne donne pas satisfaction, cela ne signifie pas que toute exigence de qualité doive être abandonnée…Il parait préférable de prévoir un véritable contrôle des compétences… »

« L’élargissement des compétences requises pour la prévention des risques impose de repenser l’organisation des services de santé au travail… Il s’agit de confirmer le passage d’un exercice individuel de la médecine du travail à une pratique collective de la prévention collective en milieu de travail. Les services doivent en effet apprendre à articuler des interventions relevant de divers domaines de compétences et à faire travailler ensemble des professionnels de culture, déontologie et statuts divers. A cet impératif s’ajoute celui d’utiliser au mieux une ressorce médicale rare et qui restera… en tout état de cause limitée ».

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